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Qu’est-ce que le langage inclusif et pourquoi les organisations devraient-elles s’en emparer ?

Rédigé par Nadia Fischer | 5 sept. 2024 12:23:01

Vous êtes-vous déjà demandé si vous vous adressiez réellement à toute la diversité des destinataires de vos textes ? Votre langage vous permet-il de tirer parti de ce  potentiel économique et social ?

Au vu des récents mouvements sociaux et de la connaissance plus fine de notre population, de nombreuses personnes et entreprises ont pris conscience de la grande diversité de la société et du monde des affaires. Pour de nombreuses entreprises, investir dans la diversité et l’inclusion est devenu un impératif économique. Chaque environnement de travail doit prendre en compte de nombreuses dimensions de la diversité : origines ethniques, couleur de peau, identité de genre, orientation sexuelle, capacités physiques et mentales, âge, différences socio-économiques, croyances religieuses, éducation, culture, etc.

La gestion de ces différentes dimensions de la diversité est un enjeu commercial pour toute entreprise. Aujourd’hui, la clientèle ne constitue plus un groupe homogène. Chaque personne accueille les messages marketing de manière très différente, selon son profil. Les talents  ont différents besoins, selon leur environnement et leur histoire.

Alors, comment gérer ces enjeux complexes en tant qu’entreprise ? Ou en tant qu'individus dans nos relations commerciales ?

De nombreuses entreprises organisent des formations sur la diversité ou les biais inconscients. Malheureusement, des études ont montré (1) que ces formations n’ont souvent aucun effet. Parfois, elles sont même contre-productives car elles amènent les personnes formées à adopter une position défensive. Certaines font de cette question un terrain d’affrontement politique, rendant l’apprentissage impossible.

Les personnes qui proposent une approche plus consciente d’une dimension de la diversité prennent des risques. En effet, cette prise de position peut nuire à leur carrière au sein de l’entreprise.

Ni la formation ni les initiatives individuelles ne semblent donc être adaptées pour créer une culture d’entreprise inclusive, qui célèbre la diversité.


Les mots comptent

Il y a un outil que nous utilisons tous les jours : le langage. Nous l’utilisons pour exprimer notre vision de la vie et décrire le monde qui nous entoure, nos ressentis ou encore nos objectifs.

Les mots créent des images dans notre esprit, lesquelles sont ensuite associées à nos propres expériences ou modes de vie. Les mots que nous utilisons font une différence, car ils ont le pouvoir de déclencher certaines images dans nos cerveaux. Cela signifie également que le langage joue un rôle actif dans la formation de nos opinions. Il n’est pas une simple représentation de notre environnement. Il façonne la réalité. Le langage n'est pas neutre. (Si vous souhaitez en savoir plus sur les biais inconscients et les effets linguistiques, lisez notre article de blog (en anglais seulement).)

Une devinette, ça vous dit ?

Découvrez comment les mots peuvent créer des images mentales et vous tromper :

Un père et son fils sont en voiture. Ils ont un grave accident et le père meurt sur le coup. Son fils est transporté d’urgence à l’hôpital et immédiatement conduit en salle d’opération. Le médecin voit le jeune homme sur la table d'opération et dit : « Je ne peux pas l'opérer, c'est mon fils ».

Qui est le médecin ? ( réponse à la fin de cet article).

 

Plusieurs études scientifiques ont montré (2) que le langage que nous utilisons aujourd’hui est malheureusement marqué par de nombreux stéréotypes du passé. Dans nos communications d’affaires, nous exprimons donc toujours, et sans le vouloir, de très vieux stéréotypes d’un temps où l'esclavage était encore acceptable, où les femmes n'avaient pas leur place dans l'espace public et où les personnes avec un handicap étaient souvent insultées.

Pour la plupart d’entre nous, nous ne voulons plus de ce langage dépassé et discriminant. Nous voulons communiquer d’une manière qui parle aux personnes de profils divers. Nous voulons que nos mots reflètent un monde globalisé, inclusif et riche de sa diversité. Or notre propre langage, influencé par nos biais inconscients, nous joue des tours, sans que nous nous en rendions compte. Individus et organisations restent enfermés dans le passé.

La solution ? Le langage inclusif

Si vous avez à cœur d’inclure toute une diversité de personnes, votre langage doit évoluer.

Prenons l'exemple des Inuits. Dans leur langue, il y a beaucoup de mots pour désigner différents types de neige, car la neige a un impact majeur sur leur vie. Pour les Inuits, il était important d’avoir des mots qui désignent précisément les différentes formes de neige. Le vocabulaire a été enrichi parce que la création de ces mots était nécessaire pour s’adapter à  l’environnement. Nous devons faire de même. Nous devons rendre notre langage inclusif pour l’adapter à toute la diversité du monde et montrer que nous prenons en considération les personnes que nous voulons inclure. 

Voilà pourquoi nous utilisons le langage inclusif – un langage choisi plus consciemment et qui représente et parle à tout le monde, quelles que soient les dimensions de la diversité qui les caractérisent. 

Voici la définition du langage inclusif, selon Wikipédia :

« Le langage inclusif vise à éviter les termes injurieux et à incarner les idéaux de l'égalitarisme en évitant les expressions qui expriment ou évoquent des représentations sexistes, racistes ou autrement biaisées, des idées reçues ou une vision dénigrante concernant un groupe particulier de personnes (...) Ses adeptes affirment que le langage est souvent utilisé pour perpétuer et véhiculer des préjugés et que l'utilisation intentionnelle d'un langage inclusif peut contribuer à créer des organisations et des sociétés plus productives, plus sûres et plus rentables. »(3)

Qu’est-ce que le langage inclusif ?

La première chose à noter dans cette définition est la suivante : le langage inclusif va bien au-delà du genre (et bien au-delà du point médian).

Pour compléter cette définition, voici celle de Witty :

« Le langage inclusif évite les formulations qui expriment des stéréotypes, des biais (conscients ou inconscients) et toute forme de discrimination délibérée ou inconsciente concernant toute dimension de diversité. Une attention particulière est portée à la représentation et l’inclusion de tout le monde, quels que soient son origine et son environnement. Utiliser un langage inclusif, c’est faire en sorte que chacun·e se sente à sa place. »

Pour en savoir plus sur l’élaboration de votre propre définition, consultez notre Manuel pour l'élaboration d'un guide de style inclusif (seulement en anglais).
 
Nous avons ajouté certains axes à la définition de Wikipédia pour qu’elle désigne un langage véritablement inclusif :
  • Représenter tout le monde. De nombreuses expressions désignant une personne ou un groupe ne sont pas inclusives. Et inconsciemment, ces expressions ont un impact. Exemples :
    • Certains rôles sont traditionnellement perçus comme « masculins » : médecins, spécialiste, utilisateurs, etc. Ces mots produisent généralement dans notre cerveau des images d’hommes(4). Alors que ces images surgissent – ​​inconsciemment – ​​dans nos esprits, les femmes ou les personnes non binaires ne s’imaginent pas dans ces rôles et se sentent inconsciemment exclues à cause de stéréotypes (5).
    • Lorsque nous commençons un e-mail par « Madame, Monsieur », nous excluons les personnes non binaires.
    • Les titres créent également un sentiment d'appartenance à un groupe ou d'exclusion. Si vous mettez en avant le titre de « professeur » à chaque fois que vous parlez d’une lors d’un événement, cela peut créer un sentiment d’infériorité chez les personnes qui n’ont pas ce titre.
  • Inclure tout le monde. Nous devons veiller à utiliser un langage qui permet à chaque personne de se sentir représentée et incluse. Pour cela, nous devons savoir quels mots et quelles expressions excluent les personnes aux profils divers. Et nous devons savoir quel langage utiliser pour nous adresser à tout le monde. Il nous faut donc définir et adopter un vocabulaire qui inclut toutes les dimensions de la diversité : origine ethnique, couleur de peau, identité de genre, orientation sexuelle, capacités physiques et mentales, âge, différences socio-économiques, croyances religieuses, éducation, culture, et bien d'autres encore.
  • Créer un sentiment d’appartenance. Le langage a le pouvoir de créer un sentiment appartenance, lorsque les textes sont écrits dans un souci d’égalité, de proximité, d’authenticité et d’expression des émotions. En adoptant cette démarche, on privilégie l’humain et on s’adresse avec respect aux personnes de tous horizons, et elles le ressentent. Un texte qui rassemble toutes ces caractéristiques diffuse un message clair d’inclusion et d’appartenance.
  •  

 

Exemple de langage inclusif et non inclusif :

Non inclusif:
En tant que chef de projet indépendant, vous accomplirez des tâches stimulantes et, avec vos collègues tout aussi ambitieux, vous réaliserez des performances exceptionnelles.

Inclusif:
En tant que responsable de projets, vous gérerez des tâches complexes, assumerez des responsabilités et soutiendrez une équipe engagée. Ensemble, vous atteindrez vos objectifs communs.

 

En quoi le langage inclusif est-il important pour les organisations ?

La communication d’entreprise est souvent froide, formelle, descendante et pleine de bla-bla marketing. Ou elle néglige de larges groupes de personnes issues de profils divers, du simple fait des mots utilisés. 

Il est tout à fait légitime de se demander à quoi sert le langage inclusif pour les organisations.

Dans un contexte commercial, la diversité et l’inclusion sont extrêmement importantes. Ce sont des facteurs d’innovation et d’amélioration des performances économiques (6). Le langage inclusif est également une question éthique : inclure tout le monde dans ses messages et respecter toute la diversité des personnes est tout simplement la bonne chose à faire dans le monde d'aujourd'hui, où chacun·e a sa place. Chaque individu a des perspectives intéressantes à apporter, notamment sur le plan économique.



Si ces enjeux ne résonnent pas en vous, les aspects économiques vous intéresseront sûrement :

  • Une campagne marketing qui ne s’adresse pas à tout le monde vous fera perdre une clientèle potentielle.
  • Un langage non inclusif dans vos communications internes sera néfaste pour la rétention des talents, qui risquent de quitter votre entreprise s’ils ne se reconnaissent pas dans vos mots à long terme. La productivité des employé·es diminue de 15% quand ils·elles font l’expérience de biais au lieu de travail.(7)
  • Un langage froid ou artificiel sur votre page Carrière nuira à votre marque employeur car de nombreux talents potentiels ne s’y reconnaîtront pas.
Mais ce n'est pas tout. Dans certains pays, votre organisation risque d'être poursuivie en justice si elle ne respecte pas les lois en matière de diversité. Et il y a toujours le risque qu'un tweet ou une publication LinkedIn d'un·e employé·e détruise en une seconde votre réputation ou votre marque employeur, même si ce message est légal.

Enfin, la diversité et l'inclusion sont des atouts stratégiques car elles favorisent l'innovation et la productivité de vos équipes.

Résumé

Dans un monde globalisé et riche de sa diversité, les organisations font bien d’adopter un langage inclusif pour développer une culture inclusive. En utilisant un langage inclusif, vous vous adressez à tout le monde, vous permettez à chacun·e de prendre part à la conversation et vous favorisez le sentiment d'appartenance. Faire l’impasse sur le langage inclusif a des coûts économiques. C'est pourquoi le langage inclusif est une stratégie gagnante pour toutes les entreprises.

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Si vous recherchez un outil d’aide à la rédaction en langage inclusif, essayez Witty gratuitement. Witty détecte des mots non inclusifs, explique d’où vient le biais grâce au micro-learning, et propose des alternatives inclusives en temps réel. 

 

 

Sources:

(1) Iris Bohnet, “What works - Gender Equality by Design”, page 49 - 54

(2) https://www.witty.works/de/blog/geschlechtsspezifische-formulierungen-in-stellenanzeigen-das-sagt-die-wissenschafthttps://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0749597818301092?via%3Dihub and Wenn die Künstliche Intelligenz denkt, dass er die Vernunft und sie das Gefühl hat

(3) https://en.wikipedia.org/wiki/Inclusive_language

(4) Caroline Criado Perez, “Invisible Women : Exposing Data Bias in a World Designed for Men”, Seite 9

(5) https://en.wikipedia.org/wiki/Stereotype_threat

(6) https://www.bcg.com/publications/2018/how-diverse-leadership-teams-boost-innovation and https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---dgreports/---dcomm/---publ/documents/publication/wcms_700953.pdf

 

Réponse à la devinette

Le médecin est la mère ou le deuxième père de l’enfant. L'avez-vous deviné ? En combien de temps ?